« Tué par l’islamophobie »

Commémoration dans Parc-Extension pour les victimes de la tuerie de la grande mosquée de Québec 

La commémoration marquait le 5e anniversaire de la fusillade meurtrière de la grande mosquée de Québec. Photo: Matias Brunet-Kirk – NEWSFIRST

Samedi dernier, un groupe s’est réuni devant le Metro Parc pour commémorer le cinquième anniversaire et pour se souvenir des victimes de la tuerie de la mosquée de Québec de 2017.

Des résidents, des activistes et des politiciens se sont réunis pour tenir une veillée à la chandelle et commémorer l’un des crimes haineux les plus meurtriers de l’histoire récente du Québec. Six personnes ont été tuées et 19 autres ont été blessées lors de l’attaque terroriste de 2017. 

L’événement commémoratif était organisé par plusieurs groupes, dont la Semaine musulmane et le Conseil national des musulmans Canadiens (CNMC).

Plusieurs élus étaient également présents lors de la commémoration. Entre autres, le député de Québec Solidaire Andrés Fontecilla, le député libéral Frantz Benjamin, le député fédéral NPD Alexandre Boulerice, la conseillère municipale de Parc-Extension Mary Deros et le conseiller municipal de François-Perreault Sylvain Ouellet étaient présents. 

« Nous espérons un avenir meilleur pour nos enfants, surtout pour les familles des victimes, et nous prions Allah de les accueillir dans son paradis ».

Commémoration

Avec les visages des six victimes sur des pancartes à l’arrière portant l’inscription « tué par l’islamophobie », plusieurs personnes ont prononcé des discours émouvants devant les dizaines de personnes présentes dans la foule.

« Notre présence ici aujourd’hui est extrêmement importante, extrêmement importante que nous nous tenions ensemble, des gens de toute origine se réunissant pour dire que nous nous souvenons », a déclaré Frank Baylis, un ancien politicien libéral. « Nous allons travailler ensemble pour faire de cette province et de ce pays un meilleur endroit pour tous ».

Submergé par l’émotion, Hakim Chambaz, l’un des survivants du massacre, a parlé depuis l’événement de Québec de son expérience encore fraîche dans sa mémoire. « Il y avait un choix à faire entre se taire et essayer d’oublier et affronter cette tragédie et tirer des leçons de cette partie horrible de nos vies », a déclaré Chambaz, qui a depuis mis en place un organisme qui soutient les victimes d’attaques terroristes.

« Nous espérons un avenir meilleur pour nos enfants, surtout pour les familles des victimes, et nous prions Allah de les accueillir dans son paradis », a-t-il ajouté.

Des dizaines de personnes se sont rassemblées par des températures glaciales pour commémorer les six victimes de l’attentat terroriste islamophobe de 2017. Photo: Matias Brunet-Kirk – NEWSFIRST

Dénoncer la haine

De nombreux élus ont également pris la parole lors de l’événement, appelant à l’action pour contrer la haine et les actes islamophobes. « Nous sommes unis et solidaires avec les familles endeuillées et les familles des victimes de cet acte ignoble », a déclaré Andrés Fontecilla, député de Laurier-Dorion. 

« Malheureusement, la haine existe, et elle peut conduire à des gestes aussi horribles que prendre des armes et tuer des concitoyens, des concitoyennes musulmanes », a-t-il ajouté. « Nous ne devons jamais hésiter à dénoncer haut et fort tous gestes qui méprise nos concitoyennes,  nos concitoyens que pour une raison quelconque sont différents ». 

Le député fédéral de Rosemont-La Petite-Patrie Alexandre Boulerice a condamné le fait qu’un événement commémoratif semblable à Gatineau ait été déplacé en virtuel en raison de prétendus risques de sécurité liés à la manifestation du convoi de camionneurs qui se déroulait au même moment. « Il y a encore beaucoup de travail à faire », a-t-il ajouté.

Mary Deros, conseillère municipale de Parc-Extension, et Sylvain Ouellet, conseiller municipal de François-Perreault, ont tous deux pris la parole. Photo: Matias Brunet

Attentat terroriste

Vers 20 h, le 29 janvier 2017, un homme armé est entré dans le Centre culturel islamique de Québec du quartier Sainte-Foy et a ouvert le feu sur les fidèles à l’intérieur pendant la prière du vendredi soir. 

Utilisant un pistolet semi-automatique Glock 9mm, Alexandre Bisonette, 27 ans, a tué 6 personnes et en a blessé 19 autres. Ibrahima Barry, Mamadou Tanou Barry, Khaled Belkacemi, Aboubaker Thabti, Abdelkrim Hassane et Azzedine Soufiane figuraient parmi les morts.

Bisonette s’était radicalisé sur l’internet, épousant des opinions islamophobes et décidant finalement de commettre le massacre après avoir eu vent d’un plan du Premier ministre Justin Trudeau visant à admettre davantage de réfugiés au Canada.

En février 2019, il a plaidé coupable à six chefs d’accusation de meurtre au premier degré et à six chefs d’accusation de tentative de meurtre et a été condamné à la prison à vie. Après l’une des attaques terroristes les plus meurtrières du Québec contre la communauté islamique, un débat public s’est développé sur l’islamophobie et les questions de terrorisme de droite au Canada. 

Appel à l’action

Bien que l’attentat ait eu lieu il y a cinq ans, plusieurs ont reproché au gouvernement fédéral de ne pas en avoir fait assez pour contrôler les types d’armes qui ont été utilisées lors du massacre de Québec. La semaine précédant la commémoration, les dirigeants du centre islamique où s’est produite la tragédie ont demandé l’interdiction des armes de poing dans tout le Canada. 

« Si nous vous écrivons aujourd’hui, c’est pour vous supplier d’arrêter vos démarches visant à déresponsabiliser le gouvernement fédéral face au dossier des armes de poing », ont écrit Boufeldja Benabdallah et Mohamed Khabar, dans une lettre adressée au premier ministre Justin Trudeau. 

Ils rappellent au gouvernement Trudeau « qu’il en va de la responsabilité du gouvernement fédéral de légiférer dans ce sens pour que le processus soit mis en œuvre par vous d’un océan à l’autre ».

« Il est absolument néfaste et honteux de constater qu’en cinq ans, RIEN n’a été fait pour changer les circonstances ayant permis à cet individu d’acquérir ou de garder un tel arsenal», poursuit la lettre. « En d’autres mots, un individu avec le même profil pourrait aujourd’hui posséder les mêmes armes et accessoires ».

Les dirigeants du centre islamique où s’est produite la tragédie ont demandé que plus de mesures soient prises pour contrôler les armes de poing. Photo: Matias Brunet-Kirk – NEWSFIRST