Le projet de salles de classe modulaires de la CSSDM suscite la grogne des résidents
La question de l’accès aux espaces verts est un sujet qui revient régulièrement à Parc-Extension. Le quartier abrite une forte densité de résidents et ne dispose que de peu de parcs et d’espaces verts. De plus en plus de résidents qui habitent autour du Parc-École Barclay s’inquiètent de bientôt perdre un autre espace vert.
Le Centre de services scolaires de Montréal (CSSDM) devra bientôt rénover certains de ses bâtiments vieillissants, ce qui entraînera le déplacement des étudiants. En conséquence, le CSSDM espère créer des classes modulaires temporaires dans la cour de l’école Barclay pour accueillir ces élèves.
Une pétition au nom de Sauvez le parc Barclay a récemment été lancée par la résidente Einrika Siguineau et espère forcer l’arrondissement et la commission scolaire à entreprendre une consultation publique sur la question et à évaluer si d’autres endroits pourraient convenir.
Rénovations à Camille-Laurin
Le CSSDM a présenté son projet d’installation de classes modulaires dans un document de juin 2021 sur les infrastructures de la commission scolaire. Dans ce document, elle souligne la nécessité de procéder à des rénovations majeures à l’école Camille-Laurin Annexe et au Centre William-Hingston.
Les élèves de Camille-Laurin seraient particulièrement touchés par la construction, le rapport indiquant qu’il serait nécessaire de «Durant les travaux, il pourrait être nécessaire de délocaliser partiellement ou complètement les élèves et le personnel de cet immeuble.»
«Il fut déterminé que le meilleur scénario est l’utilisation des locaux du bâtiment principal et l’installation de modulaires à l’École Barclay», peut-on lire dans le rapport, les structures temporaires envisagées pouvant accueillir environ 300 élèves pendant une période de deux ans. Le document n’avance pas d’échéancier pour le projet.
Ces salles de classe temporaires seraient installées à l’extrémité nord de la propriété, un espace utilisé par de nombreux résidents comme un parc. «Lorsque les renseignements nécessaires à la planification du chantier seront disponibles, une consultation sera effectuée auprès des instances concernées», poursuit le rapport.
Pétition
Le projet a suscité la grogne de nombreux résidents avec 161 résidents ayant signé une pétition contre le projet. Ils affirment que le projet entraînera une surcharge d’étudiants et supprimera l’accès à un autre précieux espace vert qui se font déjà rare dans le quartier.
«Cette décision de priver d’un parc les citoyens avoisinants a été prise sans consultation publique et avec une consultation trompeuse auprès des parents de l’école Barclay», peut-on lire dans la description de la pétition.
La pétition indique que les classes modulaires surpeupleraient les locaux de l’école, avec plus de 50 % d’élèves en plus, tout en supprimant une grande partie des espaces de loisirs. Ils ajoutent que le projet augmenterait l’effet d’îlot de chaleur urbain à Parc-Extension, supprimerait des espaces de loisirs pour les jeunes du quartier et contribuerait à la pollution visuelle.
«Cette privation d’espace de jeu et de plein air occasionnerait un préjudice inacceptable pour nous et nos enfants pendant deux ans, compte tenu de l’importante fréquentation de ce parc de proximité,» poursuivent-ils dans leur déclaration.
Risque pour la santé
Valérie Bloch est une résidente de longue date de Parc-Ex et médecin qui se spécialise en santé publique. Elle est particulièrement préoccupée par la façon dont le plan pourrait affecter l’accès des résidents aux espaces verts ainsi que par les effets négatifs que cela pourrait avoir sur leur santé.
«On doit dépendre sur les parcs-écoles», a déclaré Mme Bloch, soulignant que 8 résidents de Parc-Extension sur 10 n’ont pas accès à une cour arrière. «Ce n’est pas une question de pragmatisme avec les résidents c’est une question de relation et de communication avec les commissions scolaires, en particulier la commission solaire de Montréal.»
«Il est très, très, très clair qu’on a à cœur le bien-être des enfants de Camille-Laurin autant que les enfants de Barclay», a déclaré Mme Bloch, ajoutant que «des alternatives à supprimer quand même des îlots de fraîcheurs et un espace vert qui est quand même en termes de santé une garantie de qualité de l’aire et d’activité physique, c’est quand même problématique.»
Bloch insiste que d’autres alternatives sont possibles et devraient être proposées dans l’intérêt de toutes les parties concernées. Par exemple, le groupe recommande que la CSSDM collabore avec l’EMSB pour accueillir certains élèves dans l’école Sinclair-Laird ou pour installer des salles de classe modulaires sur des espaces déjà pavés.
Besoin d’une solution équilibrée
L’enjeu a été abordé à deux reprises lors de la réunion du conseil d’arrondissement du mois dernier, lorsque M. Bloch a demandé si l’arrondissement allait rejeter la demande de la commission scolaire.
«Je partage avec vous tout à fait la préoccupation quant au si faible pourcentage d’espace vert dans Parc-Extension», a répondu la mairesse Laurence Lavigne Lalonde, ajoutant également qu’ils n’avaient pas encore reçu de demande officielle du CSSDM.
La mairesse a néanmoins déclaré que la situation devait être abordée de manière équilibrée. «Ce serait mal venu d’interdire l’installation de module scolaire», a déclaré la mairesse Lavigne Lalonde, en soulignant les déjà hauts niveaux de désavantage socio-économique à Parc-Extension.
«Ceci étant dit si on rejette une demande de classe temporaire il va falloir qu’on trouve d’autres lieux ou qu’on trouve une bonne raison pour expliquer aux parents qui pourront peut être plus envoyer leurs enfants à l’école dans le quartier», a-t-elle ajouté.
La mairesse a déclaré qu’elle voulait s’assurer que ces espaces pourraient continuer à être utilisés par la communauté et verdis. «Quand on reçoit la demande, on va l’analyser en fonction de ces critères de verdissement et d’utilisation du sol», a-t-elle déclaré.
Mme Bloch espère que la ville donnera suite à ces assurances et s’assurera que la CSSDM explore toutes les options disponibles. «Le gros méchant c’est la CSSDM, c’est personne d’autres», a-t-elle noté, ajoutant que «c’est la CSSDM qui ne fait pas ses devoirs et elle ne cherche pas d’autres solutions, parce qu’il y en a d’autres solutions.»