Le passage tant attendu finalement rouvert
Après des mois de confusion, de frustration et de mobilisation des résidents des deux côtés de la clôture, le passage à niveau à Ogilvy et de Castelnau a finalement été rouvert au public jeudi dernier.
Le passage était fermé depuis la mi-mai, lorsqu’une clôture avait été érigée par le chemin de fer Canadien Pacifique en citant des raisons de sécurité. Cette clôture bloquait un passage indispensable pour de nombreux résidents de Parc-Extension et de Villeray, les obligeant alors à prendre de longs et parfois dangereux détours.
Le passage à niveau a récemment été reconstruit par la Ville de Montréal avec un nouvel asphalte de couleur rouge, une signalisation nouvellement adaptée et des chicanes de ralentissement pour les bicyclettes, pour un prix total de 509 000 $.
Bien que le chemin soit maintenant ouvert, beaucoup de gens restent perplexes quant au statut du passage à niveau et à son état apparemment inachevé. Une grande partie de l’infrastructure promise dans le plan est toujours absente, avec des cloches en ciment et des chaînes remplaçant les chicanes à vélos en métal.
Ouvert, mais incomplet
Les clôtures temporaires qui avaient bloqué l’accès au passage à niveau au cours de sa construction ont été retirées le 9 décembre, permettant enfin la libre circulation des personnes entre les deux quartiers après des mois de mobilisation des résidents.
« Des travaux sur le passage à niveau Ogilvy-Parc ont été entrepris en octobre 2021 et sont désormais terminées », peut-on lire dans un communiqué du porte-parole de la Ville de Montréal, Guillaume Rivest. « Une entente entre le Canadian Pacific (CP) et la Ville de Montréal sera entérinée sous peu », a poursuit M. Rivest, ajoutant que le passage à niveau sera officiellement ouvert d’ici Noël.
La ville a souligné que le passage à niveau va « favoriser la mobilité et assurer la sécurité des piétons et des cyclistes », mais n’a pas précisé quelles étaient les mesures de sécurité additionnelles que le nouveau passage à niveau offrait.
Le Canadien Pacifique n’a quant à eux pas répondu à la même question sur ces mesures de sécurité. « Le CP collabore avec la Ville de Montréal pour permettre l’accès du public au passage à niveau de la gare du Parc tout en accordant la priorité à la sécurité », a déclaré Stacy Patenaude, porte-parole du Canadien Pacifique.
Matériel toujours manquant
Bien que la Ville de Montréal ait déclaré que le projet était maintenant terminé, la mairesse de l’arrondissement Laurence Lavigne Lalonde a dit qu’il y avait encore quelques problèmes d’approvisionnement à régler, notamment pour certains matériaux clés à l’achèvement du passage à niveau.
« Ce qu’on nous a mentionné récemment c’est qu’il y a eu des enjeux d’approvisionnement pour certains éléments, dont les chicanes pour les vélos », a déclaré la mairesse Lavigne Lalonde lors de la réunion du conseil d’arrondissement du mois dernier. « Ce qui retarde l’ouverture du passage », a-t-elle ajouté.
La Ville a depuis installé des barrières temporaires faites de cloches de ciment et de chaînes pour servir de chicanes à vélo. Ceux-ci servent à ralentir les cyclistes qui s’apprêtent à traverser la voie ferrée.
Porte-parole pour la ville, Hugo Bourgoin a déclaré que celles-ci seraient retirées sous peu. « Les cloches de béton ont été installées temporairement aux deux approches du passage et seront retirées lors de l’installation des chicanes vélo prévu cette semaine », a noté Bourgoin.
« Saga bureaucratique »
Malgré que la plupart des résidents sont heureux de voir le passage à niveau enfin rouvert, beaucoup estiment que les nouvelles infrastructures construites n’en valent pas la facture de 509 000 $, surtout considérant l’état dans lequel se trouve actuellement le passage à niveau.
« La laideur de ce projet est stupéfiante », a déclaré Clayton Bailey sur le groupe Facebook Ouvrons la voie – Make way, qui a rassemblé plus de 700 membres au cours des derniers mois. « De nombreux mois de construction et 500 000 $ auraient été dépensés pour le passage. Il est impossible d’imaginer un résultat plus paresseux, bâclé, inhumain et mal conçu », a-t-il ajouté.
Un autre membre du groupe de citoyens, Christian de Massy, a émis des critiques similaires. « Tellement irréel cette histoire », a déclaré M. de Massy, ajoutant que « c’en est vraiment drôle en fait. On est comme dans une saga bureaucratique absurde au dernier degré, ça défie le sens commun en fait ».
«Ce fut un soulagement de ne pas avoir à marcher jusqu’à Jean-Talon ou à traverser le parc tard dans la nuit pour rentrer à Villeray », a déclaré la résidente Geneviève Heistek, ajoutant que le nouveau passage était « horriblement laid et ne semble pas plus sécuritaire qu’avant ».
Le contrat de construction a été accordé à Salvex Inc, le seul soumissionnaire, en début octobre, pour le prix de 509 914 $. La ville a déclaré qu’elle n’organiserait pas d’événement pour marquer l’ouverture officielle du passage.